Collecteurs et donateurs

Introduction

Les sifflets en terre cuite présentés dans ce site, dont le plus ancien fait partie des collections publiques depuis 1885, sont actuellement conservés au MuCEM, institution créée en juillet 2005 par décret ministériel et dont les bâtiments ont été construits entre 2010 et 2012 à Marseille.

Le MuCEM a hérité de collections provenant de trois anciens musées parisiens : le musée d’Ethnographie du Trocadéro (MET, 1878-1935), le musée national des Arts et Traditions populaires (MNATP, 1937-2005) et le musée de l’Homme (MH, 1937-2009).

Le MH et le MNATP avaient, à leur création, hérité eux-mêmes des fonds du MET : les objets français avaient constitué la base des collections du MNATP tandis que le MH conservait toutes les autres.

Le MuCEM s’inscrit dans le prolongement du MNATP. À ce titre, il a hérité toutes les collections de ce dernier. En 2005, il a reçu les objets européens du MH, les autres étant partis au musée du quai Branly. Pour éviter les confusions dans la base de gestion informatique des collections, on leur a ajouté les trois lettres DMH, signifiant « dépôt du MH ».

En règle générale les objets entrent dans les collections nationales par l’intermédiaire d’achats ou de dons (voire de legs). Les objets ethnologiques peuvent aussi entrer par le biais de missions effectuées par des chercheurs relevant de l’institution ou collaborant avec celle-ci. Le MNATP et le MH ont été deux grands musées-laboratoires abritant des équipes de chercheurs du CNRS.

En ce qui concerne les sifflets, leur acquisition renvoie à ces trois modes. On note, cela dit, une grande majorité de dons car leur collecte n’a jamais vraiment correspondu à une volonté d’organiser les collections de manière systématique, sauf pour quelques exceptions comme c’est le cas avec Colette Janković. Les sifflets sont le plus souvent entrés par l’entremise de personnalités plus ou moins connues qui gravitaient autour du musée, souvent aussi par des membres du personnel du musée qui ont donné un sifflet rapporté de voyage.

À la fin du xixe siècle, les acquisitions sont souvent faites dans le cadre des expositions universelles qui viennent enrichir celles de folkloristes, comme Paul Sébillot ou Jean Karlowicz, ou d’érudits locaux. Ces hommes ne travaillaient pas de manière isolée. Un réseau très actif d’échanges existait entre ces chercheurs de l’époque et les multiples sociétés savantes dont ils étaient membres ; les notices biographiques qui suivent en rendent compte.

La période du début du xxe siècle voit la mise en place de grandes institutions dédiées aux cultures populaires, strictement synonymes de « paysannes » à cette époque où les États-nations récemment créés en Europe septentrionale, centrale et orientale se libèrent des influences culturelles d’un puissant voisin aux velléités impérialistes comme la Russie, l’Empire austro-hongrois et l’Empire ottoman dans les Balkans.

De nombreuses capitales ouvrent leur musée du folklore, terme qui signifie littéralement « savoir du peuple » – et désigne par extension la science liée à ce domaine –, ce peuple sur lequel se fonde, historiquement ou idéalement peu importe, les nouvelles autonomies politiques. Et il est de bon ton d’envoyer dans des grandes capitales comme Paris ces « échantillons de culture » que sont les objets ethnographiques, et parmi eux quelques sifflets, autant d’ambassadeurs colorés à admirer derrière des vitrines. Mais cela n’est pas non plus systématique car la plupart des entrées, à quelques exceptions près, se font de manière aléatoire. C’est le cas pour les collections russes qui témoignent d’échanges soutenus entre la France et la Russie jusqu’en 1917.

Le noyau historique de la collection pour la France est très limité, jacobinisme oblige, à la différence d’autres pays d’Europe qui ont réalisé vers 1900 un recueil exhaustif d’objets dans leurs provinces. Alors que la production potière est encore très vivante dans toutes les régions de France jusqu’en 1914, très peu de sifflets entrent dans les collections. C’est d’ailleurs peut-être cette vitalité qui a détourné les premiers chercheurs de ces objets car, vers 1900, ils n’avaient pas l’impression que les sifflets étaient en voie de disparition.

Avec l’ouverture du MH et du MNATP, l’ethnologie est devenue une discipline à part entière dont ces deux musées sont les fers de lance. Une politique d’acquisition un peu plus systématique se met en place mais pour ce qui est des sifflets, considérés comme mineurs par de nombreux ethnomusicologues eux-mêmes, il reste difficile de parler de cohérence.

Collecteurs et donateurs

Nous donnons ci-après une notice biographique des collecteurs ainsi que les éléments d’information, quand nous avons pu les trouver, permettant de retracer l’histoire des collections.

Ces notices sont classées par ordre alphabétique des personnes et des institutions ayant permis l’acquisition de ces sifflets. Le numéro de collection à côté du collecteur (après le DMH le cas échéant) correspond à l’année d’inscription à l’inventaire de l’objet dans les collections du MET, du MH ou du MNATP (MuCEM depuis 2005), qui n’indique pas forcément l’année d’acquisition des objets par le collecteur.

Anjaleras (Don) 1945.12
M. Anjaleras est le principal potier de Cliousclat, important centre de la vallée du Rhône, situé dans le département de la Drôme. Le sifflet dont il est l’auteur est rapporté dans le cadre des « chantiers intellectuels et artistiques1 », et notamment celui sur le mobilier (chantier no 9092). Il fait don de quatre objets, dont un sifflet que M. Balhès rapporte en 1945.

Anonyme 1888 (Don) 1888.14
Le registre d’inventaire du MET mentionne le don anonyme de deux sifflets, en date du 18 juin 1888. Outre le premier, décrit dans l’inventaire comme « sifflet terre cuite xvie siècle, fabrication de Paris », le second, inscrit sous le numéro 22401, est décrit comme « sifflet en poterie émaillée représentant un [sic] sirène, xviie siècle, fabrication de Paris », mais ce dernier n’apparaît plus dans l’inventaire du MH.

Anonyme 1960 (Don) 1960.97
Un sifflet de Connerré dans la Sarthe a été offert en 1960 au MNATP sans que le donateur ait souhaité se faire connaître.

Balfet, Hélène (Mission) DMH1983.99
Chercheur au CNRS connue pour ses travaux sur l’ethnographie et l’analyse des techniques, elle est une des plus proches collaboratrices d’André Leroi-Gourhan au MH. Fondateur du département de technologie comparée, elle en prend la direction à sa suite. Invitée en 1956 par le musée du Bardo à Alger par le gouverneur général Jacques Soustelle, elle y reste plusieurs mois à étudier les poteries et deviendra spécialiste de ce domaine, notamment pour l’Afrique du Nord. C’est au cours d’une mission effectuée en 1983 en Italie avec Mme de Fontanès qu’elle rapporte cinq sifflets dans un lot de soixante-dix objets de Calabre, Sicile et Basilicate.

Bardout, Gaston et Renée (Don) DMH1939.38
Gaston et Renée Bardout sont des collectionneurs dont le musée d’Ethnographie de Neuchâtel acquit la collection d’instruments de musique en 1954 grâce aux relations privilégiées entre Zygmunt Estreicher (1917-1993), ethnomusicologue à Neuchâtel, et André Schaeffner (1895-1980), fondateur du département d’ethnomusicologie du MH.

Baÿe, baron de (Achat à) DMH1946.38 et DMH1946.40
Joseph Berthelot, baron de Baÿe (1853-1931), étudie l’archéologie préhistorique et l’anthropologie et consacre toute sa vie à ses activités scientifiques. Il participe à de nombreux congrès internationaux, dont celui de Moscou en 1890 qui l’incite à entreprendre des recherches archéologiques en Russie. Chargé de mission en Russie par le ministère de l’Instruction publique, il participe aux travaux des principales sociétés savantes de Russie et prend notamment part aux fouilles de nombreux sites fortifiés. Son intérêt scientifique, les amitiés qu’il a construites sur le terrain, son attachement à la Russie, il les exprime en 1895 au cours d’une réunion de la commission scientifique des archives de la ville de Simbirsk. Il y souligne l’intérêt de mener une étude parallèle et comparative sur les documents archéologiques et ethnographiques concernant ces « cultures de contact » que sont les populations finno-ougriennes de la région de la Volga qui se sont trouvées, depuis le haut Moyen Âge, sous une forte influence turco-mongole, et qui ont permis de préserver jusqu’au xxe siècle les éléments de cette culture mixte. Au cours de sa mission entre 1914 et 1920, il est emprisonné par les bolcheviks, probablement à la suite de ses prises de position en faveur de l’Entente. Il sera libéré grâce à l’intervention de la femme de Trotsky. À son retour en France, il découvrira que ses collections, patiemment réunies dans son château de Baye, ont été partiellement pillées.

C’est lors de sa mission de 1895 en Russie et en Sibérie occidentale qu’il constitue la première grande collection d’objets, issus aussi bien de fouilles que de ses recherches ethnographiques. Il les exposera en 1896 au musée Guimet, accompagnés d’un catalogue. En 1901, il donnera environ 350 pièces de cette collection au MET (coll. 01.54), réparties entre les départements Europe (82 pièces) et Asie (Sibérie et Caucase). Lors de chacune de ses missions, il s’attachera à collecter des objets destinés à enrichir les musées de Saint-Germain-en-Laye, du Louvre et Cernuschi. En 1930, le baron fera don de 15 objets provenant d’Ukraine et de Russie (DMH1930.47). En 1946, le MH va encore hériter de 600 objets répartis en deux lots. Le premier (DMH1946.38), 250 objets environ (dont 96 au département Europe et le reste au département Asie), a été vendu par ses héritiers. Le second (DMH1946.83) est un dépôt du musée Cernuschi. Il comprend 370 objets dont 194 sont au département Europe.

Bénézech, Jacqueline et René (Mission) DMH1939.45
Artiste peintre orientaliste (interprète de chinois pendant la Première Guerre mondiale), René Bénézech travaille comme collaborateur du peintre Jacques Majorelle au Maroc, où il séjournera une dizaine d’années. Au cours des voyages qu’il effectue en Europe (dans les Balkans notamment, en 1929), Asie et Afrique, il réunit une importante collection d’objets, donnée au MH en partie de son vivant, puis par Jacqueline Bénézech, sa veuve. La collection DMH1939.45 dont proviennent les sifflets regroupe vingt-cinq objets collectés en 1938 lors d’une mission en Albanie effectuée pour le MH, parmi lesquels deux sifflets et des carnets de croquis aujourd’hui conservés au service des archives historiques du Muséum national d’histoire naturelle.

Bonnemère, Lionel (Don) 1901.1
Lionel Bonnemère (1843-1905) est l’un des fondateurs de la Société des traditions populaires créée en décembre 1885. Sculpteur, poète, musicien, il poursuivit toute sa vie ses activités artistiques et scientifiques. Il fut aussi président de la Société préhistorique de France. Grand collecteur de légendes angevines et bretonnes, il recueillit des bijoux populaires et des amulettes. C’est parmi cette collection de plus de mille cent objets dont il fit don en 1901 au MET qu’on trouve un sifflet présenté comme une amulette.

Boscher (Achat à) 1981.31
Cinq objets ont été acquis par le MNATP en 1981 lors d’une vente aux enchères de terres vernissées à l’étude parisienne de MM. Boscher et Gossart. Parmi ces achats figurait ce sifflet de la production parisienne du xvie siècle, numéro 66 du catalogue.

Brăiloiu, Constantin (Don) DMH1949.64
Ce chercheur roumain (Bucarest, 1893 – Genève, 1958) considéré comme le père de l’ethnomusicologie européenne est le fondateur des Archives internationales de musique populaire qu’il crée à la demande d’Eugène Pittard au sein du musée d’Ethnographie de Genève. Fuyant son pays avant la Seconde Guerre mondiale, il s’est en effet installé en Suisse en 1943. À partir de 1948, il travaille à Paris pour le CNRS. Il fréquente assidûment le département d’ethnomusicologie du MH où il exerce une grande influence. Il donne en 1949 au MH un sifflet venant des Baléares.

Brunet, Lucien (Achat par) 1944.45
Quarante-cinq objets du Tarn et de la ville de Cox en Haute-Garonne ont été achetés en 1944 par le Toulousain Lucien Brunet pour les musées nationaux et déposés par le MNATP au musée Paul-Dupuy de Toulouse. Dans cette collection, on trouve plusieurs outils de potier. Le sifflet 1944.45.26 qui fait partie de ce lot est décrit comme un « rossignol » de Cox. Lucien Brunet, ancien secrétaire de l’Institut d’histoire des sciences de l’université de Paris, participa pendant la Seconde Guerre mondiale à l’enquête sur l’artisanat rural et urbain (chantier no 1810).

Cabezas, Hervé (Don) DMH1997.17
Un sifflet de Hongrie est donné au MH en 1997 par Hervé Cabezas, auteur d’un catalogue du musée départemental de l’Oise en 2001 sur l’art nouveau de Hongrie et la manufacture céramique de Zsolnay. Depuis 2000, il est le conservateur du musée Antoine-Lécuyer à Saint-Quentin dans l’Aisne.

Comişel, Emilia (Don) DMH1966.38
Emilia Comişel (1913-2010) fut l’étudiante de Constantin Brăiloiu. De 1949 à 1976, elle a enseigné au département du folklore du conservatoire de Bucarest. Elle a recueilli plus de neuf mille chants traditionnels et publié de nombreux ouvrages sur la musique populaire roumaine. Elle était membre de la Société internationale d’ethnologie et de folklore.

Costa, Fabian da (Don) DMH1978.19
Né à Paris en 1946, de père brésilien, il obtient un certificat d’études cinématographiques à l’occasion duquel il effectue un apprentissage auprès de Jean Rouch à l’École pratique des hautes études en sciences sociales de Paris. Il soutient sa maîtrise avec la réalisation d’un film ethnologique sur le travail du dernier maître sonnailleur du Portugal. Passionné d’ethnologie, il suivra parallèlement les cours dispensés au MH à Paris et les séminaires d’ethnologie et d’anthropologie de l’université de Paris VII organisés par Robert Jaulin. Auteur d’une quarantaine de livres, ses photographies sont souvent accompagnées de textes écrits par son épouse Anne da Costa. Il fit don en 1978 d’une dizaine d’objets du Portugal dont cinq sifflets.

Dastarac, Fernand (Don) 1938.36
Le dossier relatif à ce don ne comporte que peu de renseignements sur le donateur, Fernand Dastarac, résident en 1938 à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

David, Théodore (Don) 1888.17
En 1888, Théodore David fait don au MET de quarante-sept objets de la vie quotidienne de la Sarthe : poteries, outils, tabatières, etc. Parmi cette collection, un « sifflet en terre cuite servant de tirelire », venant du Mans. L’attribution au Mans, indiquée dans l’inventaire du Trocadéro, de nombreuses poteries originaires du village de Prévelles vient sans doute du fait que celles-ci étaient vendues dans cette ville. L’inventaire ne donne pas de précision sur le donateur mais il s’agit sans doute du peintre, auteur en 1885 d’une peinture du vieux Mans conservée au musée de cette ville.

David-Weill, David (Don) 1938.12
Né à San Francisco en 1871 et décédé à Neuilly-sur-Seine en 1952, issu des milieux financiers, mécène et philanthrope, ce passionné d’art entre en 1934 à l’Académie des beaux-arts dans la section IV, celle des membres libres. Les musées français lui doivent d’importantes donations : musée Guimet, Louvre, musée Carnavalet et MNATP. Il engage Georges Henri Rivière en 1926 comme intendant de ses collections artistiques, avant que celui-ci ne devienne sous-directeur du MET en 1928, puis directeur du MNATP. S’il s’est d’abord passionné pour la poterie et l’orfèvrerie entre 1910 et 1939, David-Weill s’intéressera plus tard à l’ethnologie, probablement sensibilisé par Rivière à cette discipline. Il apportera sa contribution financière au MNATP, institution à laquelle il offrit en 1938 plus de soixante-dix objets en terre cuite de Sarthe et du sud de la France (Aubagne, Biot). Parmi eux, un sifflet en terre cuite trouvé à Ferney-Voltaire dans l’Ain mais qui est en réalité une production de La Borne, dans le Cher.

Delectorskaya, Lydia (Don) DMH1988.53 et DMH1995.26
Lydia Delectorskaya (1910-1998) fut le modèle de Matisse. Née à Tomsk en Sibérie, elle s’installe en France en 1928. À la mort du peintre, en 1954, elle travaille comme traductrice et retourne occasionnellement en Russie d’où elle rapporte une importante collection d’art populaire soviétique. Elle fait don de trente-huit objets divers d’art populaire de sa collection au MH en 1988 parmi lesquels un sifflet en terre cuite du début du xxe siècle. C’est cependant la collection donnée en 1995 qui représente l’ensemble le plus important quantitativement de sifflets russes du MH. Cette collection de près de huit cents objets comporte en particulier de nombreux jouets en terre cuite de Dymkovo, Filimonovo, Abachévo, Kargopol, et d’Ibannikovo (région de Nijni-Novgorod, sur la Volga) dont soixante et un sont des sifflets.

Dournon, Geneviève (Don) DMH1996.5.1
Cofondatrice avec Simha Arom, en 1964, du musée national Barthélémy-Boganda de Bangui en République centrafricaine, elle entre au Muséum national d’histoire naturelle où elle est responsable du département d’ethnomusicologie et des collections de 1967 à 1993, qu’elle quitte avec le statut de maître de conférences hors classe. Elle renouvelle et enrichit en 1985 la salle d’exposition permanente dédiée à la musique au MH, le salon de musique, en présentant plus de quatre cents instruments. Ses recherches portent principalement sur l’organologie et les classifications instrumentales. En 1978 elle publie le catalogue des guimbardes du MH avec John Wright, ouvrage qui fait suite à sa thèse de doctorat. Après la République centrafricaine, elle choisi de faire du terrain en Inde, au Rajasthan et au Madhya Pradesh. En 1981, elle publie le Guide pour la collecte des instruments de musique traditionnels à l’Unesco, qui sera traduit en anglais et en espagnol.
En plus des collections indiennes qu’elle a constituées pour le musée du temps où elle était responsable du département d’ethnomusicologie, elle offre ce sifflet d’Europe de l’Est en 1996, soit trois ans après sa retraite.

Durand-Tullou, Adrienne (Mission) 1961.111
En 1961, Adrienne Durand-Tullou (1914-2000), institutrice à Rogues (Gard), écrivain, historienne et ethnologue, effectue une mission pour le MNATP dans le Gard et l’Hérault. Parmi les objets collectés dans la région se trouvent de nombreuses poteries attribuées à Saint-Jean-de-Fos et quelques poteries attribuées par leurs donateurs à Clermont-l’Hérault. Un sifflet fait partie de ces poteries.

Ehrenbourg-Mannati, Nathalie (Achat à) DMH1956.3
Née en 1884 à Lausanne, Nathalie Ehrenbourg, dont la famille était d’origine juive de Russie, s’installe à Paris vers l’âge de dix-neuf ans. Elle suit les cours de Maurice Denis et a l’occasion de faire la connaissance de Rodin. Elle est l’organisatrice en 1913 de l’exposition « L’art populaire russe dans l’image, le jouet, le pain d’épice » au Salon d’automne à Paris où elle expose ses propres collections. En 1939, elle dépose au MH sa collection de près de trois cents objets provenant de Russie, dans le souci de la préserver. Parmi eux, neuf sifflets zoomorphes de Russie centrale. En octobre 1941, ce dépôt passe sous le nom de sa fille Marina Mannati. En 1956, Mme Ehrenbourg souhaite reprendre les objets pour l’exposition « Aspects méconnus de l’art populaire russe du xixe siècle » qui se tient en 1960, à l’Institut pédagogique national de Paris. Le MH lui propose alors d’acquérir les pièces qui sont exposées. Finalement, vingt-quatre objets sont retenus (DMH1956.3), parmi lesquels des sifflets en plâtre et en terre cuite, dont un, donné et non vendu car il était cassé (no 27). Il fut restauré par le musée. Une note d’Henri Vallois, alors directeur du musée, indique : « J’ai d’autre part fini par savoir que tous ces objets ont été achetés par elle à une exposition d’art populaire russe faite à Petrograd de 1907 à 1908. Elle n’a pas de fiche des objets mais se fie à sa mémoire [qui] est bonne ! »

Fagot, Paul (Don) 1893.3
Paul Fagot (1842-1908), notaire à Villefranche-de-Lauragais en Haute-Garonne, fut aussi écrivain. Ami du folkloriste Paul Sébillot, il publie en 1881 Folklore du Lauragais. La collection donnée par M. Fagot en 1893 au MET est constituée d’une quinzaine de jouets populaires : rhombe, moulin, toupie, billes, osselets… Elle comporte plusieurs jouets sonores du Lauragais, comme des sifflets en bois appelés sounarel ou fiulel, ou encore une trompe en terre cuite que les Toulousains appellent « hautbois » et un sifflet en terre cuite qu’il indique comme « fabriqué à Saint-Papoul » (Aude).

Ferst, Maria (Don) DMH1933.135
Maria Ferst était peintre. Elle fait partie de ces intellectuelles juives allemandes, indépendantes et libérales, qui, dans les années 1930, se rendent à Ibiza pour fuir l’Allemagne nazie. Elle y ouvre une galerie en 1933. Cette même année, elle donne un ensemble important de sifflets des Baléares au MH. Cette collection est exceptionnelle car c’est sans doute le premier ensemble important de siurells des Baléares à faire son entrée dans un musée. Elle comporte de nombreux modèles inconnus en dehors de cette collection et offre une vision pleine de poésie de l’univers villageois de l’époque : enfants en train de jouer, cavaliers, paysans fumant leur pipe, femmes portant un panier ; tous ces personnages souvent entourés des animaux familiers (poules, bœufs, ânes…). On y trouve même un sujet moderne : un motocycliste. Il faut peut-être voir dans cet intérêt pour ces objets, jusque là délaissés, l’œil de la galeriste ou l’influence du grand philosophe allemand Walter Benjamin (1892-1940), alors en exil à Paris, et qui séjourna à Ibiza d’avril à juin 1932, puis de mars à septembre 1933. En fréquentant la petite communauté d’exilés allemands, il a dû y rencontrer Maria Ferst. Il profita de ces séjours pour faire des excursions et recueillir les récits du folklore. W. Benjamin avait une collection de jouets russes et de livres d’enfants réputée, il n’a donc pas pu ignorer les siurells.

Foire de Paris (Achat à la) DMH1959.27
En 1959, le responsable du département Europe acheta pour le MH sept objets tchécoslovaques dont un sifflet, à la Foire de Paris, où de nombreux pays tenaient des stands.

Fontanès, Mme de (Monique Roussel de Fontanès, dite) (Achats et missions) DMH1951.77, DMH1963.68 et DMH1969.92
Élève de Leroi-Gourhan dont elle suit les cours, Monique de Fontanès, née Roussel, entre au MH en 1948 comme « garçon de laboratoire », seul statut prévu en cette époque où peu de femmes travaillent à des postes scientifiques. L’année d’après, elle obtient une bourse d’étudiante en archéologie pour des fouilles au Danemark. Mais c’est aussi l’ethnologie qui l’intéresse et, en 1951, elle devient l’assistante de Mme Pasquino, chargée du département Europe, dont elle prendra la suite en 1965. Elle sera responsable de ce département jusqu’à son départ à la retraite, en 1986. Dans ses dernières années d’activité, elle est nommée codirectrice du laboratoire d’ethnologie (alors département de technologie comparée) avec Hélène Balfet et Marie-France Fauvet-Berthelot (responsable du département d’Amérique).

C’est donc dans le cadre de missions faisant partie intrinsèque du travail des responsables de département du MH que Monique de Fontanès constitue des collections. Ses principaux terrains sont l’Italie (Calabre, Campanie, Sardaigne) où elle effectue onze missions de 1953 à 1984, mais aussi l’Albanie à trois reprises. Ces missions lui permettent de compléter son étude des populations rencontrées auparavant en Italie, Allemagne, Belgique, Bulgarie, Espagne, Grèce (cinq fois), Portugal, Roumanie, et ex-Yougoslavie, avec Colette Janković qu’elle connaît bien. Elle étudie les techniques du costume et les croyances et rapporte, pour documenter les objets, des croquis, des notes de terrain et de nombreuses photos.

Les sifflets qu’elle a rapportés proviennent de Suède (DMH1951.77), du Portugal (DMH1963.68), de Roumanie (DMH1969.22) mais aussi d’Italie où elle effectue en 1983 une mission avec Hélène Balfet et de Pologne où elle fit acheter ces sifflets pour le MH par le Muzeum Kultury i Sztuki Ludowej de Varsovie.

Fouilles de la vallée de l’Ysieux (Don) 1994.44
La vallée de l’Yzieux en Île-de-France a été le centre d’une véritable industrie potière pendant plus de douze siècles en raison de l’affleurement continu d’une couche d’argile de qualité. Des campagnes de fouilles, effectuées à partir de 1991 dans toute la vallée à Fosses, Bellefontaine, Lassy, Luzarches, ont mis au jour de grandes quantités de poteries et de nombreux fours et ateliers. Une trentaine de sites du ixe au xviiie siècle ont été étudiés sous la direction de l’archéologue Rémi Guadagnin, membre du musée jusqu’au milieu des années 2000.

À sa création, le MNATP se voit attribuer les quelques pièces archéologiques françaises du MET. Ces silex, haches, pierres de foudre et fossiles étaient considérés par les cultures paysannes comme des supports de croyances et ont été, à ce titre, recueillis par les folkloristes au xixe siècle. Avec l’installation, en 1969, dans son nouveau bâtiment de l’avenue du Mahatma-Gandhi à Paris, l’archéologie entre officiellement au musée avec l’équipe de Jean-Marie Pesez et de Françoise Piponnier, de l’École pratique des hautes études. De plus, la culture populaire du Moyen Âge se trouve dans le champ historique du MNATP qui prend le relais chronologique du musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye et le relais culturel du musée de Cluny consacré aux arts savants. Le MNATP s’intéresse ainsi à la vie paysanne en Bourgogne avec les fouilles de Drancy, à la production potière de Charente-Maritime (cf. l’exposition « Potiers de Saintonge », en 1976), aux rites mortuaires avec l’étude du cimetière de Saint-Jean-le-Froid en Aveyron, etc. Dans les années 1980, les archéologues rejoignent l’École pratique des hautes études, sauf Rémy Guadagnin. Les fouilles de Fosses qu’il a dirigées ont été approuvées comme une continuité du travail entrepris par le musée depuis 1969.

Gaiţă, Ileana (Achat à) DMH1988.23
Trois objets ont été achetés à Ileana Gaiţă en 1988. Elle travaillait pour le département Europe du MH dans les années 1980 comme vacataire, effectuant un travail de documentation des collections roumaines, son pays d’origine, où elle avait suivi des études d’ethnologie.

Garnier, Maurice (Don) DMH1934.5
Il s’agit probablement de Maurice Garnier, maire de Vaux-sur-Mer de 1922 à 1929, grand résistant qui succomba lors du bombardement de la commune le 14 avril 1945. En effet, artiste peintre, homme d’une grande culture, parlant plusieurs langues, il était membre correspondant du MET puis correspondant pour la Charente-Maritime du MNATP. Grand connaisseur de la Saintonge, il chercha à sauver et à répertorier tout ce que le temps menace, puisant dans ses collections pour offrir des objets au MNATP. Parmi ceux-ci se trouve une série de cinq sifflets d’Italie. On pourrait être surpris de trouver ces sifflets italiens chez un spécialiste de la Saintonge, mais M. Garnier, engagé dans la marine en 1916, est désigné pour continuer ses services fin 1918 auprès de l’attaché naval à l’ambassade de France à Rome, ce qui peut expliquer l’origine de ces sifflets.

Cette collection a été enregistrée en 1988 seulement à partir d’objets retrouvés marqués d’une croix rouge et de fiches manuscrites d’André Schaeffner. Jusque-là, il y avait une confusion entre une autre des collections de Garnier acquise par achat (DMH1934.29) et celle de Holderer (DMH1933.151 : don Holderer) car cette dernière se compose de cinq sifflets d’Italie et d’un sifflet venant des Baléares mais attribué à l’Italie. Ce dernier provient de la collection de Pierre Holderer qui recueillit des instruments de musique aux îles Baléares en 1933 (flûtes, castagnettes, tambours...). Dans la vitrine consacrée aux instruments de musique des salles Europe ouvertes en 1937 au MH, il était correctement attribué aux Baléares.

Gomilla, Jacques (Don) DMH1961.126
Nous ne savons rien du docteur Jacques Gomilla qui donne en 1961 au MH six objets venant de l’île de Majorque aux Baléares, parmi lesquels se trouvent deux sifflets en terre cuite qui proviendraient de Palma. Le dossier ne précise que le fait qu’il soit « d’origine majorquine ».

Gourine, Dimitri (Don) DMH1891.75
On ne connaît que peu d’éléments sur le donateur, sans doute Dimitri Gourine, publiciste (à l’époque ce terme désigne celui qui écrit sur la politique) qui publie en 1881 un article sur l’origine du journalisme russe. Sa collection, donnée en juillet 1891, comporte des costumes et des jouets de Russie, de la région de Moscou, dont deux sifflets jouets.

Gouvernement letton (Don) DMH1939.47
En 1939, la Lettonie fait don au MH de quinze objets en céramique acquis par l’intermédiaire de Mlle Grinbe, du musée national de Riga. Il s’agit de pots et de vases mais aussi de six sifflets. Ces objets viennent de la région de la Latgale.

Les liens entre le MET et la Lettonie ont été instaurés en 1935, année au cours de laquelle Paul Rivet et Georges Henri Rivière inaugurent une importante exposition au musée consacrée aux pays baltes. De plus, en 1937, à l’exposition d’art populaire de Paris, la Lettonie est mise à l’honneur avec Andrejs Paulāns (1896-1973) et Polikarps Vilcāns (1894-1969), potiers de Latgale, qui obtiennent respectivement la médaille d’or et d’argent. On doit d’ailleurs à Andrejs Paulāns ces sifflets de la collection DMH1939.47.

Gouvernement lituanien (Don) DMH1935.73
En 1935, une grande exposition consacrée à l’art populaire des pays baltes se tient au MET. La collection donnée par le gouvernement lituanien entre dans le cadre du recueil d’objets réalisé à cette occasion pour la Lituanie et complète le don du musée de Kaunas fait l’année précédente. Elle se compose de trente-sept œufs de Pâques peints, de têtes de quenouille sculptées, de quelques poteries et de onze sifflets en terre cuite. Ces sifflets ont été conservés dans les réserves du département d’ethnomusicologie du MH, sauf l’un d’eux (DMH1935.73.5) qui est peut-être resté au département Europe. Il n’a pas été retrouvé en 2012 suite au récolement des collections par le MuCEM, fait à l’occasion de leur transfert à Marseille.

Hommel (Achat par) 1975.74
La mission de Jean Nicourt [voir aussi Nicourt, Jean (Mission)] en Alsace en 1975 permet d’enrichir les collections d’art populaire alsacien avec un lot important de soixante-dix-neuf poteries achetées chez M. Hommel, antiquaire à Furdenheim (Bas-Rhin). On compte parmi elles dix sifflets alsaciens et trois sifflets à eau de production récente d’Aubagne et de Vallauris.

Jablonska-Oudin, Sophie (Don) DMH1939.107
Sophie Jablonska-Oudin (1907-1971), écrivain ukrainienne mariée au Français Jean-Marie Oudin, fit don au MH en 1939 de quatre objets, qu’elle décrit comme étant des réalisations d’écoles d’art appliqué d’Ukraine, parmi lesquels se trouve un sifflet.

Janković, Colette et Dušan (Achats et dons) DMH1955.59, DMH1964.77, DMH1964.78, DMH1966.131, DMH1970.50 et DMH1973.17
Colette Janković, née Royer (1898-1981), a fait des études d’ethnologie, comme ses deux sœurs Arlette, épouse d’André Leroi-Gourhan, et Huguette, devenue Mme Fages. Avec son mari Dušan, un artiste serbe, elle a permis l’acquisition entre 1947 et 1981 de six mille objets venant essentiellement de l’ex-Yougoslavie, par achat ou par don, quand elle le pouvait financièrement ou qu’elle était parvenue à le susciter au sein de son entourage. En effet, vivant à Belgrade, elle est membre de l’Association des folkloristes de Yougoslavie. Elle a construit un important réseau avec les anthropologues locaux, ne réalisant aucun achat sans avoir leur accord pour ne pas interférer avec les acquisitions que ceux-ci auraient pu réaliser pour les musées du pays. Elle tenait un carnet où elle notait précisément les conditions dans lesquelles les objets avaient été acquis, et le contexte de leur usage. Les collectes couvrent non seulement toutes les régions yougoslaves mais aussi, de manière quasi exhaustive, tous les domaines : habillement, vie domestique et agricole, art et artisanat, fêtes, cultes, etc. On trouve aussi bien des pièces annotées « précieux », telle cette armoire de bijoutier en bois incrusté de nacre, venant de Macédoine, que d’humbles objets, mais fortement chargés de signification comme les dix-sept épines de prunellier servant à conjurer les vampires dans la région de Šumadija en Serbie. Ces acquisitions, faites à une époque charnière, traduisent les modes de vie de cette partie orientale des Balkans soumise à l’Empire ottoman jusqu’en 1830.

Jest, Corneille (Don) DMH1962.99 et 1967.22
Ethnologue travaillant au CNRS, il est connu au MNATP pour avoir été le chef de la recherche coopérative sur programme en Aubrac, dite RCP Aubrac. Cette enquête pluridisciplinaire organisée par le MNATP et le CNRS de 1964 à 1966 visait l’étude des hommes et des bêtes dans cette région d’Auvergne dont l’économie était alors en perte de vitesse. Mais Corneille Jest est surtout connu comme spécialiste de l’Himalaya, fondateur du Centre de documentation himalayenne situé à Villejuif.

Il a donné des sifflets à deux reprises. En 1962 tout d’abord, il remet au MH dix objets de l’île de Majorque dont deux sifflets typiques de cette production puis, en 1967, il fera don au MNATP de quatre sifflets d’Alsace (sa région d’origine) achetés au magasin de la poterie Philippe Ludwig-Jaeck, anciennement poterie Jaeck à Soufflenheim.

Joubier, Marie-Louise (Don) DMH1938.119
Il s’agit sans doute de Marie-Louise Joubier, secrétaire de Paul Rivet, fondateur du MH. On sait qu’elle effectua un voyage en Yougoslavie en août 1938 car elle en publie le récit en 1940 dans un article intitulé « Yougoslavie » dans la revue La Nature.

Son don comportait deux sifflets à eau de Provence mais aussi quatre flûtes yougoslaves et deux flûtes à bec de Sicile et d’Algérie. Ces objets ont été donnés au département d’Ethnologie musicale en 1938.

Karaška, Arvydas (Don) DMH1985.56 et DMH1989.61
Arvydas Kazimieras Karaška, né en 1943, est un musicologue lituanien. Il a participé pour la partie Lituanie à la rédaction de The New Grove Dictionary of Musical Instruments en 1984 (Londres, éd. MacMillan).

Lapadu-Hargues, Françoise (Don) 1965.79
Françoise Lapadu-Hargues était bibliothécaire au MNATP. Le sifflet qu’elle donna en 1965 est simplement indiqué comme acquis par elle-même « vers 1930 ».

Latour, Marie-Louise (Don) 1963.137
Marie-Louise Latour était conservateur du musée Cantini à Marseille et son mari Jacques a été conservateur des musées d’Arles.

Cette collection donnée en 1963 se compose de dix jouets achetés à la foire de Marseille, allée Léon-Gambetta, qui s’est tenue du 15 juin au 15 juillet. Parmi eux, deux sifflets à eau, typiques de la production d’Aubagne.

Le Gonidec, Marie-Barbara (Don) DMH1995.37
Engagée en 1986 comme vacataire par Geneviève Dournon, responsable du département d’ethnomusicologie du MH, Marie-Barbara Le Gonidec passe dix années au MH au département d’ethnomusicologie mais aussi aux départements d’Amérique, d’Europe et à celui de technologie comparée. Ethnologue du monde pastoral et spécialiste en organologie, elle soutient une thèse sur les instruments bulgares à l’université de Paris X-Nanterre en 1997. Elle effectue plusieurs missions sur le terrain entre 1992 et 1995 en Bulgarie après avoir fait quelques recherches préalables en Slovaquie et dans l’ex-Yougoslavie. Engagée au ministère de la Culture comme ingénieur d’études, elle intègre la mission du patrimoine ethnologique en juin 2000 après deux années passées au musée de la Musique comme chargée de mission aux activités pédagogiques. En octobre 2004, elle prend la direction du département de la musique et de la phonothèque du MNATP, suite au départ de son prédécesseur, Florence Gétreau. Elle quitte le musée en décembre 2012 pour intégrer un laboratoire d’anthropologie du CNRS conventionné avec le ministère de la Culture et de la Communication.

Elle a l’occasion d’acheter ces sifflets sur un marché à Sofia lors de son dernier séjour sur le terrain et en fait don au MH à son retour de mission.

Leroi-Gourhan, André (Don) DMH1952.31
André Leroi-Gourhan (1911-1986) est surtout connu comme archéologue préhistorien. C’est au MH qu’il apprend, dans les années 1930, les fondements de la muséographie et de la technologie comparée, sous la direction de Paul Rivet, Georges Henri Rivière et Anatole Levitsky. De 1937 à 1939, il part en mission au Japon et en rapporte des milliers d’objets destinés à enrichir les collections du musée. À la Libération, il participe à la direction du musée de 1946 à 1951. Il y fonde le département de technologie comparée qui sera longtemps dirigé par Hélène Balfet, sa collaboratrice depuis 1946. À cette même époque, il développe le Centre de documentation et de recherche préhistorique (CDRP) et le Centre de formation et de recherche ethnologique (CFRE) qui joueront pendant plusieurs décennies un rôle capital dans la formation de nouvelles générations de préhistoriens et d’ethnologues en France. Enseignant à l’université de Lyon en 1944, puis à la Sorbonne en 1956 et au Collège de France en 1969, il participe avec Claude Lévi-Strauss, au début des années 1970, à la définition d’une des salles d’exposition, la Galerie culturelle au nouveau siège du MNATP. Il est aussi, avec G. H. Rivière, l’organisateur de la grande enquête pluridisciplinaire menée en Aubrac par le CNRS et le MNATP au milieu des années 1960.

Les cinq sifflets dont il a fait don en 1952 sont naturellement entrés au département de technologie comparée du MH.

Linckenheld, Emile (Don) 1960.46
Archéologue d’origine lorraine (1879-1976) et ami, notamment, de l’abbé Breuil, il enseigne l’archéologie à l’université de Strasbourg de 1937 à 1939 puis de 1941 à 1944. Il est membre de nombreuses sociétés historiques de France, en Lorraine notamment, et d’Allemagne, dont il se sent très proche ; il choisit d’ailleurs à la fin de sa vie de se retirer à Bad-Wörighofen près de Turckheim en Bavière, où il est enterré. S’intéressant aussi au folklore lorrain, il fait don en 1960 au MNATP de deux tirelires et deux sifflets représentatifs du pèlerinage à Saint-Gangolf dans la commune de Schweighouse en Alsace. Il constitue également une collection de peintures sous verre, recueillies dans la région de Sarrebourg, acquise en 1961 par le MNATP. La qualité des renseignements qu’il fournit sur les objets dont il fait don au MNATP témoigne de sa rigueur et de son exigence scientifique.

Lumley, Edward de (Don) DMH1995.22
Edward de Lumley est le fils d’Henri, préhistorien, professeur au Muséum national d’histoire naturelle de Paris dont il fut le directeur entre 1994 à 1999. Edward de Lumley a travaillé à la promotion de la langue et de la culture françaises en Europe de l'Est jusqu'en 2011. Il donne une série de six sifflets ukrainiens au MH en 1995.

Lutfalla-Frogier, William (Don) 1956.126
Le docteur William Frogier a réuni cette collection qui comprend près de cent quarante poteries miniatures, des « secouettes », ainsi que quarante-quatre sifflets en terre cuite. Ces derniers proviennent de plusieurs pays et leur origine n’est généralement pas précisée. Il s’agit là d’une collection classique d’amoureux des poteries. Au décès du docteur Frogier, vers 1936, la collection revient à son beau-frère avant d’être donnée par sa fille au MNATP en 1956. Si W. Frogier avait documenté les objets réunis, cette documentation n’a malheureusement pas été communiquée au musée. La fille du donateur indique seulement qu’elle avait été réunie « il y a une trentaine d’années », ce qui la situe dans les années 1920.

Mérite, Édouard Paul (Achat à) 1953.85
Peintre et sculpteur français né dans l’Eure le 7 mars 1867 et décédé en 1941 en Vendée, il fut l’élève des sculpteurs Louis-Ernest Barrias (1841-1905) et Emmanuel Frémiet (1824-1910), à qui il succède au Muséum national d’histoire naturelle comme professeur de dessin entre 1923 et 1937. Il peint en particulier la faune d’Europe et entretient d’ailleurs dans son atelier de Rueil une quantité de petits animaux. Il participe à deux expéditions en Afrique en 1898 et 1899 et accompagne le duc d’Orléans dans deux missions effectuées dans le cercle polaire en 1905 et 1909. Un cap du Nord-Groenland porte d’ailleurs son nom. Invité par l’empereur d’Autriche à l’occasion des chasses impériales, il sera fait chevalier de l’ordre de François-Joseph. Amateur de chasse, comme on l’aura compris, il rédige en 1939 un ouvrage intitulé Les Pièges. Histoire et techniques de piégeage à travers le monde.

Sa collection ethnographique constituée de sifflets et autres appeaux, de cages, de leurres et de pièges venant du monde entier est très connue de son vivant par les spécialistes. Elle est particulièrement riche car Édouard Paul Mérite a eu le souci de compléter les objets qu’il rapportait de ses expéditions par des objets venant des Puces de la porte de Clignancourt.

En 1953, le MNATP achète 286 pièces de sa collection dont 8 sifflets en terre cuite [voir aussi Vincent (Achat par)]. Le reste des objets est acheté par divers particuliers en hôtel des ventes en 1954.

Millot, Jacques (Mission) DMH1963.67
Professeur d’anatomie comparée, et nommé en 1960 à la chaire d’ethnologie des hommes actuels et des hommes fossiles, il succède en 1960 à Henri Vallois comme directeur du MH.

Il a rapporté ces sifflets lors de sa mission scientifique en 1963 au Portugal.

MNATP (Don du MNATP au MH) DMH1969.80
Un sifflet de Grèce a fait l’objet d’un don du MNATP au MH.

Morisset-Andersen, Christiane (Achat par) DMH1975.44
Cette collection a été réunie en 1975 par Christiane Morisset-Andersen, ethnologue, alors collaboratrice au département Europe du MH.

Musée de Kaunas, Lituanie (Don) DMH1934.135
En 1935, Paul Rivet et Georges Henri Rivière organisent une grande exposition consacrée à l’art populaire des pays baltes. Une trentaine d’objets dont sept sifflets en terre cuite sont offerts l’année précédente au MH par le musée national des Beaux-Arts de Kaunas. Ce don se fait par l’intermédiaire de Jurgis Baltrušaitis (1903-1988), considéré comme un des plus grands historiens de l’art du xxe siècle. Installé à Paris, il choisit le français comme langue d’expression mais reste très attaché à son pays d’origine et se rend régulièrement à Kaunas dans les années 1930 pour y donner des cours à l’université. Il a publié une Histoire universelle de l’art en Lituanie (1934 et 1939) et un ouvrage sur l’art populaire lituanien. En 1931, il est conseiller culturel de l’ambassade de Lituanie à Paris. Il est chargé de rédiger une étude sur les arts de la Lituanie dans le catalogue sommaire réalisé à l’occasion de l’exposition. Un don du gouvernement lituanien complétera en 1935 le don du musée de Kaunas.

Museum für Deutsche Volkskunde, Allemagne (Don) DMH1938.76
L’histoire de cette collection est singulière. Trente-deux objets du Museum für Deutsche Volkskunde de Berlin venant d’Allemagne et des anciennes régions germanophones de Pologne et Lituanie ont été donnés en juillet 1938 au MH par l’ambassade d’Allemagne. Cette collection était destinée à enrichir la vitrine consacrée à l’Allemagne alors que le musée venait d’ouvrir. Le directeur, Paul Rivet, a alors pensé à un don comme le laissait entendre la demande initiale et a envoyé un courrier, resté sans réponse, sur la nature, les origines et les usages des objets. En 1942, les Allemands ont souhaité récupérer cette collection qu’ils considéraient comme un prêt. Une entrevue en 1943 ne permit pas de trouver de solution. Un échange d’objets entre les objets allemands et des objets des provinces françaises du Nord et de l’Est est envisagé en 1944 mais il demeure sans suite à la fin du conflit. Si bien que ce « prêt » du musée de Berlin est resté dans les collections.

Muzeul de Artă Populară, Roumanie (Don) DMH1967.98
Donnée en 1967 au MH par le Muzeul de Artă Populară al Republicii Socialiste România de Bucarest, cette collection comporte un ensemble important de poteries traditionnelles de Roumanie dont dix-sept sifflets provenant de Pisc, Oboga, Vlădeşti… Il s’agit d’une production contemporaine à la donation, principalement collectée en 1964 et 1967. Un sifflet d’Oboga a été acheté à la foire de Bucarest en 1965 par l’ethnologue Silvia Zderciuc. La particularité de cette collection est d’être parfaitement documentée car chaque pièce est accompagnée d’une fiche descriptive indiquant le lieu de production, mais aussi les techniques de production.

Muzeum Kultury i Sztuki Ludowej, Pologne (Don) DMH1963.52
Cette collection de plus de deux cents objets de Pologne a été donnée au MH par le Muzeum Kultury i Sztuki Ludowej de Varsovie dont le directeur était alors le professeur Franciszek Ksawery Piwocki, grand ethnologue polonais. Ces objets ont été acquis pour le compte du MH grâce à une subvention du ministère de la Culture polonais. Il s’agissait d’enrichir la section européenne du MH sur la culture de la Pologne insuffisamment représentée. La proposition a alors été faite au MH d’envoyer en Pologne un spécialiste de la section européenne pour deux semaines. C’est Monique de Fontanès qui réalisa cette mission.

Nicolas, Michèle (Don) DMH1983.47
Le dossier de ce don d’objets hongrois et roumains au MH en 1983 indique seulement : « Don M. Nicolas. Paris. » Il est possible que ce donateur soit l’ethnobotaniste Michèle Nicolas, chercheur au CNRS, car bien qu’elle soit spécialiste du monde turc, on sait qu’elle a des contacts réguliers avec le laboratoire d’ethnologie du MH.

Nicourt, Jean (Mission) 1975.74
Une mission du MNATP (mission Jean Nicourt) en Alsace en 1975 permet d’enrichir les collections d’art populaire alsacien avec un lot important de soixante-dix-neuf poteries achetées chez M. Hommel [voir aussi Hommel (Achat par)], antiquaire à Furdenheim (Bas-Rhin). On compte parmi elles trois sifflets à eau de production récente d’Aubagne et de Vallauris.

Onoutchina, I. V. (Don) DMH2000.24
Mme Onoutchina offre au musée cinq figurines en terre cuite en août 2000, dont un sifflet. Travaillant au musée de Kargopol en Russie, elle vient à Paris en 2000 pour des rencontres du Centre d’études slaves. Elle publie, dans la Lettre du Centre d’études slaves de cette même année, un article dans lequel elle présente des documents ethnographiques inédits déposés au musée de Kargopol et se rapportant à cette région.

Orlowski, Alexandre (Don) DMH1937.60, DMH1937.61 et DMH1937.70
Il n’a pas été possible de trouver des précisions sur Alexandre Orlowski, d’origine polonaise, qui effectue trois dons en 1937.

Le premier ensemble (DMH1937.60) comporte quatorze sifflets. Il illustre la difficulté d’identifier la provenance exacte des objets originaires de pays dont les frontières ont été profondément modifiées après la Seconde Guerre mondiale. Il est formé de trois colis. Un premier colis se compose de huit sifflets et une figurine dont la provenance indiquée est : « Pologne Volynie ». Le deuxième comporte cinq sifflets et « Pologne. Houtsoule » comme origine, et enfin un dernier sifflet a comme mention : « Pologne. Podolie ». Le terme « Houtsoule » se réfère à la population montagnarde vivant principalement dans les Carpates ukrainiennes. Heureusement, l’inventaire des sifflets précise : « Stanislav ». Stanisławów, ville aujourd’hui appelée Ivano-Frankivsk, fut l’objet de conflits importants entre l’Ukraine et la Pologne entre les deux guerres. Sauf pendant une courte période où elle fut reprise par l’armée rouge, elle fut polonaise jusqu’en 1939 puis elle fut de nouveau reconquise et annexée à l’Union soviétique. Elle fait partie de l’Ukraine indépendante depuis 1991. La Volynie fut polonaise ou russe selon les périodes, mais elle est polonaise en 1920 avant d’être intégrée à l’Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale, puis de faire partie de l’Ukraine indépendante en 1991. La Podolie est une autre région au sud de la Volynie, disputée entre les deux guerres par la Pologne et l’Union soviétique. Elle est cependant rattachée à la république socialiste d’Ukraine en 1922.

Cet ensemble de sifflets anciennement polonais est complété par un deuxième envoi de quinze autres sifflets (DMH1937.70) avec pour provenance : « Ruthènes. Volynie ».

À côté de ces objets polonais d’Ukraine, Alexandre Orlowski offre aussi quinze sifflets portugais de Barcelos (district du Braga) et un joug de bœuf de cette même région du Minho (DMH1937.61).

Pison, Guy (Don) 1937.21
Ce don fait en 1937 est composé de cinq objets recueillis à La Borne, commune d’Henrichemont, dans le Cher. Ils ont été acquis chez M. Bedu, potier à La Borne. Guy Pison (1905-1986), architecte, était un des collaborateurs de Georges Henri Rivière. En septembre 1937, les deux hommes se rendent pour la première fois en Sologne en compagnie de Marcel Maget. Guy Pison dirigea pendant la Seconde Guerre mondiale le « chantier numéro 1425 » consacré à l’architecture rurale (cf. note 1).

Pokrovski, Egor (Don) DMH1890.2
Pédiatre au Sofickaia detskaia bol’nica, hôpital pour enfants de Moscou, Egor Pokrovski fut le premier à entreprendre une large étude sur la formation et l’éducation des enfants d’un point de vue anthropologique et ethnologique. Comme le dit Pokrovski lui-même, le terrain était « des plus favorables » pour mener une large étude comparative, car « les nombreuses peuplades qui habitent la Russie ont une histoire et une culture des plus variées ». Ses innombrables publications, son activité médicale et pédagogique ont fait de lui, de son vivant même, une référence dans ce domaine. De nombreuses personnalités russes l’ont soutenu dans son activité. Léon Tolstoï (dont Pokrovski était le beau-frère) l’aidera à publier l’une de ses études. En 1878, Pokrovski est élu président de la commission médicale de la Société impériale des amis des sciences naturelles, de l’archéologie et de l’ethnographie et se voit attribuer la responsabilité de la section relative à l’éducation physique des enfants de l’exposition d’anthropologie que cette société prépare à Moscou.

C’est cette exposition grandiose, ouverte en 1879, qui sera à l’origine de la collection Pokrovski du MET. L’exposition a été visitée par plusieurs savants français, dont Théodore Ernest Hamy, qui se trouvait alors à Moscou. Neuf ans après, il lui est proposé de faire venir sa collection pour l’Exposition universelle de 1889, puis d’en faire don au MET. Il lui faut alors trouver une solution car sa collection a été léguée au musée polytechnique de Moscou. Il recontacte donc ses anciens correspondants et réunit avec leur aide plus de cinq cents objets pour les envoyer à Paris. Pour la qualité de son travail, Egor Pokrovski sera nommé officier de la Légion d’honneur.

À leur arrivée au MET, les objets sont déposés, selon leur provenance, aux départements Asie et Europe. Près de cent cinquante objets conservés actuellement au département Europe se rapportent à la culture proprement russe tandis que le département Asie abrite les objets des populations caucasiennes, sibériennes, d’Asie centrale, de la moyenne Volga et de l’Oural (groupes finno-ougriens et turco-mongols). Plusieurs dizaines d’objets du département Europe sont des jouets que l’on peut classer en plusieurs catégories : jouets sonores (hochets, appeaux, crécelles, claquettes), jeux d’adresse (osselets pour le jeu de babki, quilles pour le jeu des gorodki, balles, etc.), différents jouets reproduisant des objets de mobilier (berceaux, sièges, auges) et de transport (traîneaux, voitures), ou encore des ustensiles de cuisine (samovars et gobelets) ou des armes (arbalètes et fusils). Une vingtaine d’objets sont des modèles réduits de berceaux, de roulettes, de sièges ou de traîneaux, fabriqués spécialement pour l’exposition, en remplacement des objets qu’on ne pouvait pas faire parvenir à Paris. Une vingtaine d’objets sont à usage non ludique : dix pièces vestimentaires (chemises, pantalons, chaussures), un berceau pour emporter l’enfant aux champs, un siège, une auge pour laver les enfants, une chaise, une série de bandages et des morceaux d’étoffe pour emmailloter les poupées (deux poupons illustrent la manière d’emmailloter en Russie).

Pour une partie des pièces, nous possédons les indications de leur provenance exacte. Elles viennent pour la plupart de la Russie centrale (des gouvernements de Moscou, Koursk, Vologda, Tver, Smolensk, Toula, Vladimir, Nijni-Novgorod), mais également des régions orientales, Oural et Sibérie (gouvernements de Perm, Ekaterinbourg, Tobolsk). On dispose d’une abondante documentation sur ces objets grâce au livre en russe de Pokrovski (Jeux d’enfants, essentiellement russes et leurs rapports avec l’histoire, l’ethnographie, la pédagogie et l’hygiène), édité en 1887, et réédité en 1994, en russe. La presque totalité des jeux et jouets de la collection du MH y est décrite, voire dessinée. De plus, Pokrovski a rédigé en 1889 une notice spécialement pour l’Exposition universelle de Paris, et un catalogue des objets exposés, intitulée Matériaux pour servir à l’étude de l’éducation physique chez les différents peuples de l’Empire russe où il reprend beaucoup de documents de son autre livre Fizičeskoe vospitanie detei i raznyh narodov, preimuščestvenno Rossii, édité à Moscou en 1884.

Pulligny, de et Mesnil du Buisson, du (Don) 1932.5
Le don fait en 1932 au MNATP est mentionné comme émanant de MM. de Polligny et du Mesnil du Buisson. Une adresse est indiquée, celle du commandant de Polligny qui demeure à Antibes, route du Cap, Lou Mas. Ce don comporte une douzaine d’objets achetés à Antibes dont deux sifflets en terre cuite.

Le catalogue de l’exposition « Deux potiers à Prévelles » qui s’est tenue au Mans en 1963 rectifie l’orthographe en « Don Pulligny ». Car il s’agit bien de Jean Leclerc de Pulligny, et non « Polligny », né en 1859. Chef de bataillon pendant la Première Guerre mondiale, M. de Pulligny est à l’origine de l’interdiction des boîtes de conserve couvertes de peinture à base de plomb. On pourrait se demander comment ce scientifique rationaliste s’est trouvé à faire un don au MNATP... Son père, Félix Leclerc de Pulligny (1821-1893), fut un grand voyageur, archéologue, amateur de beaux-arts et botaniste. Auteur de plusieurs études d’archéologie ou d’anthropologie, il organisa ou participa à des lectures à la Sorbonne sur ces domaines et fut membre de la commission d’inventaire des richesses d’art de France. Jean Leclerc de Pulligny vivait à la fin de sa vie dans sa villa « L’enclos » (et non « Lou Mas »...), route du Cap à Antibes où il décède en 1939. Il est donc très probablement l’auteur du don.

On peut penser que M. du Mesnil du Buisson, associé à ce don, est le comte Robert du Mesnil du Buisson (1895-1986), historien, militaire et archéologue, qui a épousé en 1923 Jeanne Leclerc de Pulligny, fille de Jean.

Quadros, António (Don) DMH1959.66
António Quadros fait don au MH en 1959 de nombreuses figurines de terre cuite du centre potier de Barcelos au Portugal, qui sont en majorité des sifflets. Beaucoup de ces figurines sont des œuvres de Rosa Ramalho (1888-1977). Considérée comme l’une des principales artistes populaires portugaises, ses œuvres sont présentes en grand nombre dans de nombreux musées et collections. L’intérêt pour la collection du MuCEM est que ces objets ont été donnés par celui qui la découvrit, ainsi que sa production, au milieu des années 1950.

Peintre et écrivain portugais, António Augusto Melo Lucena Quadros est né en 1933 à Santiago de Besteiros (district de Viseu) dans une famille de propriétaires ruraux. Il fréquente l’école des Beaux-Arts de Paris, de Lisbonne puis de Porto dont il sort diplômé en 1961. Il participe à de nombreuses expositions individuelles ou collectives au Portugal mais aussi dans de grandes villes européennes. Il remporte plusieurs prix dont celui de la Critique à la Biennale de Paris en 1969. Ses œuvres font partie des collections permanentes de la Fondation Calouste-Gulbenkian et de nombreuses collections privées. Son œuvre est influencée par Picasso, Chagall, les peintres surréalistes mexicains et latino-américains mais également par l’imaginaire rural et en particulier la poterie de Barcelos. Il est le découvreur en 1959 de Rosa Ramalho, potière à Barcelos jusqu’alors inconnue. Il est fasciné par l’imaginaire qu’elle exprime dans ses figurines. Au début des années 1960, Quadros part s’installer au Mozambique. Il publie alors en 1970 sous les noms de João Pedro Grabato Dias, de Ioannes Garabatus et de Mutimati Barnabé João de nombreux ouvrages de poésie. Il rentre au Portugal en 1983 et enseigne le dessin à la faculté d’architecture de Porto. Il décède en 1994.

Renault-Cribier, Jean (Don) 1938.3
En 1938, Jean Renault-Cribier, d’Argent-sur-Sauldre, fait don au MNATP d’une trentaine de poteries dont une série de dix-neuf jouets. Le patronyme Renault-Cribier est indissociable de la poterie en région Centre. C’est en 1872 que Louis Renault, potier à Orléans, part s’installer à Argent. La manufacture Renault est une des plus importantes manufactures d’Orléans sous le Second Empire et produit en moyenne 150 000 pièces par an. La poterie Renault-Cribier est encore en activité à Argent-sur-Sauldre. Parmi les objets donnés se trouvaient deux sifflets. Le sifflet numéro 27 a été perdu ou détruit mais, d’après sa description, il était semblable au numéro 26 fabriqué à Prévelles dans la Sarthe.

Ribeyrol, Monette (Mission) DMH1975.130
Monette Ribeyrol a suivi les cours d’ethnologie de Leroi-Gourhan et de Roger Bastide au MH dans les années 1960, et a fait des études de russe, bulgare et serbo-croate à l’École des langues orientales à Paris avec les professeurs Bernard et Bazin. Elle s’initie également au turc dans les années 1970, afin de mieux étudier le monde balkanique dont elle serait devenue une grande spécialiste si un accident de voiture n’avait pas mis fin à sa vie en 1976, alors qu’elle n’avait pas encore terminé son doctorat d’État. Alors assistante au département Europe du MH, elle y laisse de nombreuses collections ainsi que des traductions d’ouvrages bulgares.

Elle rapporte un sifflet au cours de la mission en Macédoine.

Richet, Michèle (Achat par) 1965.96
Affectée au service des collections du MNATP dès 1945, Michèle Richet participa à la mise en place de la Galerie culturelle, nom donné à l’exposition permanente du musée, ouverte en juin 1975 et située au premier étage. Cette galerie présentait, dans une vision aussi proche que possible de la vérité quotidienne, la société traditionnelle rurale française.

Michèle Richet acquiert en 1965 quatre objets pour le musée dont un sifflet en terre cuite du Cher acheté dans une boutique à Paris.

Riff, Adolphe (Don) 1967.55
Adolphe Riff (1890-1971), archéologue et ethnologue, fut d’abord assistant de Robert Forrer avant de devenir en 1917 le conservateur du Musée alsacien de Strasbourg ouvert en 1907 et racheté en 1917 par la ville de Strasbourg. Il fonde en 1929 une revue consacrée à l’art populaire en France et publie de nombreux ouvrages sur l’art populaire et les traditions en Alsace.

En 1967, il donne au MNATP un sifflet d’Alsace de la poterie Friedmann à Soufflenheim.

Rivière, Georges Henri (Don) 1942.14
Georges Henri Rivière fut, à partir de 1928, le sous-directeur du MET et le fondateur du MNATP qu’il dirigea jusqu’à son départ à la retraite au début des années 1970. C’est une figure incontournable dans le monde des musées de société et en matière d’ethnologie de la France.

Né en 1897 de Marguerite Dacheux, fille de paysans picards devenue bonne à Paris et ayant épousé Jules Rivière, le fils de sa patronne, Georges (qui deviendra Henri dans les années 1950) passe une partie de ses vacances chez ses grands-parents, et autant le monde paysan que la rue de Paris dans le Montmartre où il habite l’influencent fortement. Mais l’enfant est surtout élevé dans un milieu bourgeois. Sa grand-mère paternelle lui fait apprendre le piano dès l’enfance. À dix-huit ans, il entre au conservatoire et suit parallèlement des cours privés pour devenir organiste. Il occupe depuis trois mois le poste de maître de chapelle à l’église Saint-Louis-en-l’Ile à Paris, quand il est mobilisé en 1917. Victime d’un accident qui lui abîme un genou, il est contraint d’abandonner l’instrument, devenu incapable de se servir du pédalier. Il restera néanmoins pianiste. Amateur de jazz, qu’il a découvert en 1918 à Calais, son talent d’improvisateur le rend célèbre dans les salons parisiens et les boîtes de nuit. Il joue régulièrement à partir de 1923 dans le célèbre cabaret Le Bœuf sur le toit. Personnage mondain, ce qu’il resta toute sa vie – et qui fut un atout dans le monde des musées –, il devint l’ami, entre autres, des frères Vian et de Joséphine Baker. Le goût qu’il développe pour ces lieux qui réunissent le Tout-Paris lui vient probablement de son oncle Henri (1864-1951), le peintre bien connu qui commença comme décorateur puis fut le directeur de scène au cabaret Le Chat noir à Montmartre. De même lui doit-il probablement son goût pour les arts plastiques (et c’est à la mort de son oncle que Georges ajoute Henri à son prénom). Si bien qu’à vingt-sept ans, il s’inscrit à l’École du Louvre et, en 1926, est recruté comme intendant de sa collection privée par le riche mécène et homme d’affaire David David-Weill. Parallèlement, Rivière exerce sa plume et acère son regard artistique dans les pages de certaines revues d’art. C’est en ayant l’idée d’un article sur la collection précolombienne du MET qu’il décide d’organiser sa première exposition intitulée « Les arts anciens de l’Amérique ». Soutenue financièrement par David David-Weill, elle se tient au pavillon de Marsan du musée du Louvre. Rivière a l’idée originale de présenter ces objets comme des œuvres d’art et non seulement comme des pièces archéologiques.

Au MET, il rencontre le jeune ethnologue américaniste Alfred Métreaux qui l’initie à l’art précolombien, renoue avec l’africaniste Michel Leiris qu’il connaissait depuis 1921 et, surtout, fait la connaissance du directeur, le professeur Paul Rivet.

Suite à un premier contrat signé en juin 1928, Rivière est engagé un an après comme assistant du directeur. Il se forme à l’ethnologie en suivant les cours de Marcel Mauss durant quatre années. En 1931, il participe à l’expédition Dakar-Djibouti (une des plus importantes expéditions organisées par le musée qui rapporta 3 500 objets, 600 photographies et 200 phonogrammes) et se trouve confronté à l’expérience du terrain. Pourtant, ce n’est pas une carrière d’ethnologue qu’il embrassera mais, passionné par les musées autant que par cette discipline, il deviendra le « muséologue de l’ethnologie », bouleversant les idées reçues en matière d’exposition d’objets culturels. C’est lui qui élaborera la notion de « musée-laboratoire », la mettant d’abord en œuvre au MET, avant de l’appliquer plus tard à son propre établissement, le MNATP. Celui-ci sera un haut lieu de l’ethno(musico)logie de la France, soutenu dès le début par la Caisse de la recherche scientifique, futur CNRS.

Rivière a joué un rôle essentiel dans le monde des musées en étant à l’origine, en 1948, de la fondation du Conseil international des musées (ICOM ou International Council of Museums) dont il est le premier directeur jusqu’en 1965, et qu’il continue d’animer en tant que conseiller permanent jusqu’à son décès. Il est aussi un des concepteurs de la notion d’écomusée (ces musées de sociétés implantés dans leur territoire, mémoire du monde paysan ou industriel, selon le cas) et de celle d’unité écologique (présentation muséographique, suite à un minutieux travail de démontage puis de remontage d’espaces tels qu’ils étaient dans leur contexte comme, par exemple, l’intérieur d’une ferme de Basse-Bretagne, une forge du Queyras, une laiterie, ou « buron » sur l’Aubrac).

Le don qu’il fait en 1942 comporte deux objets achetés chez des antiquaires. Le premier est une chaufferette normande. Le deuxième est un sifflet acheté à Bourges en compagnie de Pierre-Louis Duchartre (1894-1983), inspecteur principal des musées de France.

Rudolf, Branko (Don) DMH1957.20
L’écrivain et philosophe slovène Branko Rudolf (1904-1987), habitant à Maribor, fait don au MH en 1957 de trois sifflets dont il précise seulement qu’ils proviennent de Slovénie. C’est sans doute son intérêt pour le monde de l’enfance sur lequel il écrit plusieurs livres, ajouté au fait qu’il est musicien, qui l’a conduit à recueillir ces objets.

Sébillot, Paul (Don) 1885.3
Paul Sébillot (1843-1918), d’origine bretonne, est surtout connu comme folkloriste, écrivain et peintre français. Beaucoup de ses travaux portent sur sa région d’origine. Il préside de 1879 à 1892 les « Dîners celtiques » que fréquentent aussi Ernest Renan et de nombreux écrivains parisiens ou bretons. Il est aussi membre de la Société des traditions populaires fondée en 1882, qui regroupe les folkloristes lors des « Dîners de ma mère l’Oye ». Il en devient secrétaire général et directeur de la revue à partir de 1886.

Il fait don au MET en 1885 de six objets divers, dont un sifflet en terre cuite, pour lesquels le registre d’inventaire indique comme provenance le Finistère.

Société des traditions populaires (Don) DMH1892.76
Cette collection, donnée en juin 1892 au MET par la Société des traditions populaires fondée en 1882 par Paul Sébillot, est restée longtemps peu documentée. Dans l’inventaire du MET, elle est simplement décrite comme « russe ». Dans la Revue des traditions populaires (5e année, t. V, no 6, 15 juin 1890, p. 384), on trouve justement l’inventaire d’une collection donnée à la Société des traditions populaires. La comparaison de cet inventaire avec les objets de la collection DMH1892.76 du MET nous laisse croire qu’il s’agit de la même. Certains d’entre eux possèdent encore des étiquettes correspondant à la liste publiée par la Revue des traditions populaires, donnée par Jean Karlowicz. Ils sont décrits comme se vendant à Varsovie (qui faisait alors partie de la Grande Russie). Cette collection est un témoignage rare de jouets polonais anciens car les collections des musées polonais ont été majoritairement détruites lors de la Seconde Guerre mondiale. Seuls deux des sifflets décrits ne sont plus présents dans cette collection actuellement conservée par le MuCEM.

Jean Karlowicz (Jan Aleksander Karłowicz), né en 1836 et décédé en 1903 à Varsovie, était ethnographe, musicologue, linguiste et folkloriste. Il complète ses études de philologie et d’histoire faites à Moscou, au Collège de France à Paris et à Heidelberg avant de soutenir sa thèse de doctorat à Berlin. Membre de la Société des traditions populaires de Paris, de l’American Folklor Society, de la Folklor Society de Londres et de nombreuses autres sociétés savantes européennes, il est un des cofondateurs du Musée ethnographique de Varsovie.

Vacher, Jean (Don) DMH1940.29.47
Jean Vacher est un des donateurs du MH. Il a rapporté uniquement des instruments de musique. Ceux-ci, au nombre de quarante, sont enregistrés au département d’ethnomusicologie en 1940. Vingt-cinq d’entre eux sont européens (dont deux sifflets : un en métal et un en terre cuite), douze proviennent d’Afrique, neuf d’Asie et deux d’Amérique. Ce Jean Vacher est-il l’auteur de l’ouvrage paru aux Presses universitaires de France en 1962, intitulé Les Français d’outre-mer, publié sous le nom de Jean Vacher-Desvernais ? Ce dernier nom était un pseudonyme qu’un certain Jean Vacher avait pris sur les ondes de l’émission « Les Français parlent aux Français » diffusée par la BBC pendant la Seconde Guerre mondiale. Nombreux sont les instruments qui proviennent d’anciennes colonies françaises d’Afrique occidentale française et d’Indochine. Il pourrait s’agir en tout cas d’un ancien colon français qui aurait offert sa collection au MH, mais pourquoi en 1940, soit en période de guerre ?... La question reste ouverte et il est difficile d’avoir des archives sur ce don car les donateurs remettaient de la main à la main leur collection dont la trace figure sur le registre d’inventaire sans autre précision...

Vincent (Achat par) 1953.85
C’est sous cette désignation qu’est cataloguée la collection d’Édouard Paul Mérite [voir aussi Mérite, Édouard Paul (Achat à)]. Il s’agit sans doute de l’étude de maître Vincent à Drouot où se déroulèrent les ventes de la collection de Paul Édouard Mérite dont le MNATP acheta une partie.

Vincent, Henry (Don) 1888.19
Le docteur Henry Vincent, décédé vers 1908 et membre de plusieurs sociétés savantes, est l’auteur en 1902 d’une Histoire de la ville de Vouziers, dans les Ardennes, sa ville d’origine.

La collection qu’il donne en 1888 au MET consiste en une vingtaine de poteries de Vouziers, centre potier peu connu, ainsi que des fuseaux, écorçoirs et autres objets usuels. Elle comporte un sifflet à eau de forme peu courante avec sa large anse et son goulot à l’opposé du sifflet.

Zouroff, Léonide (Mission) DMH1938.170
Archéologue russe connaissant bien l’Estonie pour y avoir travaillé en 1928 et 1935, il étudie à l’Institut d’études slaves à Paris en 1936 quand il rencontre Boris Vildé, chargé du département des Civilisations arctiques au MH.

Boris Vildé, né en 1908 à Saint-Pétersbourg, connaît bien l’Estonie car sa famille a fui la Russie pour s’installer à Tartu en 1919. Parti vivre en Allemagne, il rencontre André Gide en 1932 qui le convainc de venir vivre en France, car ses activités antifascistes lui ont déjà valu d’être emprisonné. Il poursuit à Paris des études d’allemand et de japonais et fait connaissance de Paul Rivet, directeur du MH. En 1936, alors qu’il est devenu français par naturalisation, Rivet lui confie la direction du département d’Arctique. Membre du groupe de résistance du MH, il est arrêté et fusillé par la Gestapo en 1942.

En 1937, Boris Vildé et Léonide Zouroff participent à des missions en Estonie dans la région du Setumaa, auprès des populations russes et setu. Peu d’objets sont alors rapportés. Léonide Zouroff effectue seul un deuxième voyage en 1938 car Boris Vildé est en mission en Finlande. Zouroff publiera deux textes en russe qui, avec les 247 photos prises sur le terrain et la carte de la région qu’il y dessine pour figurer les villages étudiés, constituent un témoignage ethnographique unique. La mission, écourtée à cause de la situation politique en Europe, ne sera pas poursuivie en 1939 comme cela était prévu. Des villages entiers où travailla Zouroff seront anéantis pendant la guerre.

Les deux sifflets aujourd’hui au MuCEM proviennent de la collection de 389 objets acquis lors de la mission de 1938.

Pierre Catanès et Marie-Barbara Le Gonidec

1 Instaurés en 1941 par le gouvernement de Vichy pour résorber le chômage des travailleurs intellectuels. Georges Henri Rivière (directeur du MNATP) y a recours pour organiser des enquêtes ethnographiques.

2 Ouvert le 15 avril 1941 au MNATP, il avait pour but de recenser le mobilier des campagnes françaises. Quarante-cinq enquêteurs partirent visiter les départements français pour dessiner, photographier et mesurer les meubles conservés chez l’habitant. Les 13 784 documents rédigés représentent aujourd’hui une source de données irremplaçable sur le mobilier régional français traditionnel.