Sifflet globulaire en forme de pigeon

Autre dénomination (terme vernaculaire)
savipill

DMH1938.170.350

Russie > Oblast de Pskov
(Région historique : Setumaa (?))
1re moitié du xxe siècle (1901-1920)

Terre engobée et vernissée
H. 4,1 ; L. 2,7 ; Pr. 7,6 cm. ; P. 37,6 g.

Classification Sachs - Hornbostel : 421.221.42


Historique

Acquisition : Mission Léonide Zouroff
Ancienne référence : DMH1938.170
Ancienne appartenance : musée de l'Homme


Description

L'objet représente un pigeon dont le corps creux forme le résonateur de la flûte. Son embouchure s'ouvre par une fente à l'extrémité de la queue. La fenêtre est découpée sous l'arrière du corps. À l'avant de chaque aile est percé un trou de jeu. L'oiseau est représenté de façon réaliste avec le plumage des ailes et de la queue en relief. Le contour des yeux est formé d'un cercle en creux. L'oiseau repose sur un socle bas rond.

La figurine est moulée en terre marron. La tête, l'avant, le dos et les ailes de l'oiseau sont recouverts d'un engobe gris. Le socle et la queue sont laissés bruts. La partie engobée est recouverte d'une glaçure transparente.

Commentaire

Lors de sa collecte en 1938, Léonide Zouroff indique seulement pour ce sifflet « Setumaa. Gorlanovo » et précise « Acheté chez des paysans. On n'en fabrique plus aujourd'hui ».

Il a été difficile de situer ce village, mais le traité de 2005 fixant la frontière entre la Russie et l'Estonie cite dans son annexe 1 : « After the intersection with highway Pskov-Riga boundary goes 0.6 km in the north-northeastern direction along the plowed land and the meadows, leaving on the Estonian side farmstead To Khal'yasoru, and on the Russian side village Gorlanovo... » En effet, le Setumaa situé en Estonie en 1938 est aujourd'hui partagé entre la Russie et l'Estonie.

Dans cette région où cohabitaient population setu et population russe, L. Zouroff précise pour chacun des objets collectés la culture dont il provient. Ce sifflet est indiqué « Setu ».

Les Setu forment un groupe ethnique singulier tout en appartenant au peuple estonien. Ils ne sont plus qu'environ 6 000 dans leur région d'origine, le Setumaa, répartis de part et d'autre de la frontière esto-russe et dans les villes estoniennes. Ce groupe a longtemps été considéré comme marginal, pauvre et arriéré, avant que sa culture ne soit remise à l'honneur dans les années 1930.

Si la langue setu est un dialecte sud-estonien, c'est par la religion que les Setu se distinguent des autres Estoniens. Quand au xiiie siècle, les chevaliers Teutoniques occupèrent le territoire estonien, les Setu se trouvèrent à l'est de ce qui deviendra la frontière historique entre le christianisme occidental et l'Orient orthodoxe. Ils seront donc christianisés par les orthodoxes et emprunteront au monde russe une bonne partie de leur culture, ce qui, lors des périodes ultérieures où ils seront réunis aux Estoniens, maintiendra la séparation entre eux et les Estoniens. Leur religion restera fortement teintée de paganisme, ce qui leur vaudra le surnom de « demi-croyants » en russe. De plus, leur caractère casanier et conservateur se traduira par un nombre très faible de mariages mixtes russes-setu alors qu'en 1925, les trois quarts de la population du comté sont russes. À l'heure où la culture setu se trouve confrontée au choix de la folklorisation ou de la disparition, ce sifflet témoigne de la vie quotidienne d'un des derniers peuples européens, dont la culture traditionnelle est aujourd'hui particulièrement menacée.

Ce sifflet ne correspond pas à la poterie traditionnelle setu que L. Zouroff décrit à l'occasion de sa mission : « On fabrique en Petseri de la céramique avec la terre rouge préalablement dégrossie avant l'hiver, pétrie avec les pieds, puis on forme des pots, assiettes, etc. On fait cuire dans un poêle primitif. Alors que le pot est encore rouge (chaud) on le plonge dans un bain fait de farine de blé noir délayée à l'eau. Cette bouillie liquide pénètre dans les pores et la pièce est remise au four. La poterie sort noircie et mate. Sert pour le ménage. Récemment, des pièces semblables ont été trouvées dans des nécropoles. »

Ce sifflet est l'œuvre d'un potier confirmé dont le centre de production reste à découvrir. Il n'est pas impossible qu'il provienne d'une autre région de Russie ou de la Lettonie voisine.


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