Serbie

La collection du MuCEM comporte vingt sifflets de Serbie. C’est à Colette Janković que l’on doit cet important ensemble destiné au musée de l’Homme (coll. DMH1955.59, DMH1964.77, DMH1964.78, DMH1966.131).

Malheureusement, il n’a pas été possible de trouver de documentation sur la production des sifflets serbes qui, d’après les notes de Colette Janković, était encore importante dans les années 1950-1960. Beaucoup des sifflets ont été achetés par elle sur les marchés des grandes villes où ils devaient être vendus comme des jouets pour les enfants.

L’ensemble collecté par Colette Janković est ainsi un témoignage intéressant sur cette production car il comporte de nombreux modèles. Une des caractéristiques des sifflets serbes est la façon très particulière dont les sifflets sont insérés dans les figurines, coudés au niveau de la fenêtre. Cette façon de modeler le sifflet se retrouve surtout en Turquie, en Grèce et en Bulgarie.

Il a été choisi de conserver comme lieux de production les localités d’origine indiquées par Colette Janković sauf quand elle a précisé spécifiquement le lieu de production.

Il est ainsi probable que certains des sifflets achetés à Belgrade proviennent d’autres centres potiers.

Serbie centrale

Belgrade

Sifflets en forme de cruche du sud-est de l’Europe, Bulgarie, Turquie, Grèce et Serbie, XXe siècle. Coll. particulière. © Pierre Catanès

Ill. 1 : Sifflets en forme de cruche du sud-est de l’Europe, Bulgarie, Turquie, Grèce et Serbie, xxe siècle.
Coll. particulière. © Pierre Catanès

Belgrade ne fait pas partie des centres potiers traditionnels serbes. Cependant, la production de sifflets dans cette ville devait exister, comme en témoignent dans la collection du MuCEM deux sifflets en forme de poussin fabriqués par un certain Dragutin Stojić dont Colette Janković, leur donatrice, précise qu’il était un « potier soigné ». À propos d’un autre sifflet moulé en forme de poisson, acheté également à Belgrade, elle indique que « ces sifflets moulés se vendent sur tous les marchés et sont faits par tous les potiers », aussi est-il difficile d’en connaître la provenance exacte.

Il en est de même pour le sifflet DMH1964.77.90 en forme de cruche. Ces sifflets sont courants et se retrouvent dans de nombreuses collections de musées européens avec des attributions diverses : Macédoine, Kosovo et même Bulgarie. La forme de ce sifflet, proche de celle rencontrée pour les sifflets à eau en forme de cruche de Turquie, de Grèce et surtout de Bulgarie, plaide pour une origine du sud de la Serbie. Les formes très semblables de ces sifflets à eau rendent souvent l’identification de leurs origines difficile (ill. 1). L’objet rappelle d’ailleurs un autre sifflet en forme de cruche de Niš, centre potier du Sud, présent également dans la collection du MuCEM. Mitrovica ou Priznen, centres potiers du Kosovo, pourraient ainsi en être le lieu de production. Faute de renseignement plus sûr, il a été choisi de conserver dans ce catalogue la provenance de Belgrade pour ce sifflet, avec toutes les réserves qui précèdent.


L’origine des autres sifflets à eau en forme d’oiseau achetés à Belgrade est également incertaine. Aranđjelovac, centre potier situé à moins de quatre-vingts kilomètres de Belgrade, pourrait représenter une possibilité logique comme lieu d’origine des sifflets vendus sur les marchés de la capitale, mais cette hypothèse reste à confirmer.

Niš

Les sifflets attribués ici à Niš ont été achetés au marché de cette ville par la donatrice. Aucune précision complémentaire n’a été indiquée par Colette Janković. Niš a été un centre potier traditionnel serbe, aussi est-il probable que ces sifflets proviennent de cette ville.

Pirot

Un sifflet à eau en forme de cruche acquis à Belgrade par Colette Janković provient d’une poterie de Pirot et a été acheté pour vingt dinars. Elle ne précise pas la date de son achat.

La ville de Pirot se trouve près de la frontière avec la Bulgarie. Le sifflet présenté ici est d’ailleurs proche de nombreux sifflets à eau bulgares. Pirot a été un des centres de poterie les plus importants de Serbie. Au milieu du xixe siècle, cette petite localité comptait encore quarante ateliers de poterie.

Timočka Krajina

Dans l’est de la Serbie, la Krajina du Timok (Krajina signifie « frontière » et Timok est le nom du fleuve) regroupe les anciens districts du Timok et de la Krajina autour de la ville de Negotin. Colette Janković précise seulement pour les sifflets : « Timok Negotin », ce qui désigne sans doute la ville de Negotin dans la Krajina du Timok.

Negotin

Negotin, située au carrefour de trois États (Serbie, Roumanie et Bulgarie), fait partie des centres potiers traditionnels de Serbie. L’attribution des sifflets par Colette Janković à cette ville correspond donc probablement à leur lieu de fabrication. On peut noter deux formes qui se retrouvent fréquemment parmi les sifflets de Serbie : le cheval dont la particularité, unique en Europe, est d’être un sifflet à eau, et des oiseaux aisément identifiables avec leurs queues en croissant de lune.